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L'éternel recommencement

 
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Enrin
Admin - Kirin farceuse


Inscrit le: 17 Juin 2005
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MessagePosté le: Mer Juin 29, 2005 5:55 pm    Sujet du message: L'éternel recommencement Répondre en citant

Bon le titre sera bien sur édité ... en fait c'est bête mais ... je n'ai pas encore trouvé le titre Laughing
Sinon c'est un peu bizarre comme histoire mais il y a déjà pas mal d'indices dans le prologue Smile
PS : soyez indulgents c'est ma première fanfic (enfin j'ai dû en écrire une sur Goldorak ... il y a 20 ans lol)



Prologue : cauchemars


Si on lui avait dit un jour qu’elle se baladerait en petit tailleur Chanel et talons aiguilles, elle en aurait rougi avant d’en rire.
Cela faisait déjà 150 ans qu’elle régnait sur le Pays de Kei et son royaume commençait seulement à prospérer. Les démons ne franchissaient plus les frontières depuis une dizaine d’années et le peuple avait une confiance absolue en sa Reine. Cependant elle était inquiète car Kou connaissait de nouveaux troubles et depuis quelques semaines l’épée lui renvoyait une image assez étrange : elle arpentait une rue, vêtue de vêtements qu’elle n’avait jamais portés auparavant et semblait désorientée. Elle se confiait assez souvent à Sonsho mais dans cette situation bien précise elle préféra s’abstenir et s’épancher vers une autre personne qui l’avait beaucoup aidée dans le passé : l’Empereur d’En. Elle considérait ce dernier comme un grand frère, voire comme un père et ses conseils s’étaient toujours avérés précieux. Elle avait pris sa décision. Seule Susu l’accompagnerait dans son voyage. Elle devait cependant informer son kirin et savait d’avance ce qu’il lui dirait : « Majesté, ce n’est guère prudent de partir à l’étranger. »
« Majesté, il n’est guère prudent de partir seules. En outre, vous devriez prévenir le roi de votre arrivée. Votre venue soudaine pourrait le mettre dans l’embarras »
« Décidemment, tu es toujours aussi prévisible mon pauvre Keiki. Et puis Shouryu n’est vraiment pas un fan du protocole, contrairement à toi. Tu es vraiment trop coincé. Tout compte fait tu viens avec moi, je suis certaine qu’au contact d’Enki tu te dérideras un peu… »
« Majesté ! »
« Arrête de faire cette tête et fais moi un peu confiance pour une fois ! »
Sans le savoir, Sekiraku venait une fois de plus de blesser son kirin. Non seulement il était assez hautain et beaucoup trop rigide mais il était soupe au lait et supportait difficilement les critiques. Mais cela ne l’empêchait pas d’estimer sa souveraine. Si seulement elle avait su qu’il avait foi en elle, les évènements auraient probablement pris une autre tournure …

**********

Le Pays d’En était frontalier et il ne lui faudrait que quelques heures pour y arriver. Son suugu était le plus rapide du royaume. Elle pensait y séjourner quelque temps, elle avait besoin de repos au moins autant que des bons conseils de En-Ou. Elle était toujours autant impressionnée par cet homme qui régnait depuis près de 650 ans et elle avait adopté pas mal de ses méthodes à l’exception toutefois de quelques unes qu’elle jugeait indécentes. Comme elle préparait quelques bagages assez légers elle constata qu’il n’y avait plus de vin de la province de Wa à la cave. Bien évidemment, elle ne pouvait rencontrer Shouryu sans ces fameuses bouteilles et fit appeler Shoukei. Elle savait que cette dernière ne verrait aucune objection pour aller chercher la précieuse commande et qu’elle en profiterait pour rendre visites à ses amis. Youko commença à penser que son propre voyage n’était peut être qu’un prétexte pour aller voir un vieil ami. Leur dernière rencontre remontait à une cinquantaine d’années lors du couronnement de la reine de Kou. On aurait eu du mal à penser qu’il avait plus de 600 ans. Il était toujours aussi jovial et bon vivant et sa lucidité n’avait pas pris une ride. Elle avait hâte de le rencontrer à nouveau et se mit à penser à lui en prenant son épée.

*********

Elle la relâcha immédiatement. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il lui avait fallu près de 10 ans pour maîtriser l’esprit de l’épée. Une fois la prouesse accomplie elle avait fait fabriquer un nouveau fourreau, non pas car elle avait peur des visions mais tout simplement pour éviter qu’elle ne s’abîmât. Elle était consciente qu’il s’agissait d’un trésor très précieux sans lequel elle n’aurait pas survécu il y a 150 ans. Mais une fois encore elle était effrayée par la vision qu’elle avait eue mais ce n’est pas tant les vêtements qu’elle portait qui la dérangeaient : elle ne reconnaissait pas les lieux. Elle ramassa l’épée et se concentra à nouveau : il s’agissait bien d’Horai, elle en était absolument sûre. La végétation était quasi inexistante et les deux arbustes qu’elle pouvait voir avaient subi une mutation et semblaient la suivre. Elle se mit à courir et arriva devant une énorme construction à moitié effondrée. Elle se frotta les yeux , se pinça mais l’image ne changeait pas : elle se trouvait devant la Tour Eiffel ! Elle rangea l’épée dans le fourreau et rassembla ses souvenirs.


**********

Cinquante ans auparavant, une guerre à l’échelle planétaire avait éclaté dans son ancien monde. Cela avait eu pas mal de répercussions sur les douze royaumes créés par Tentai. Le déséquilibre de l’écosystème avait multiplié les shokus et de nombreux réfugiés affluèrent. Il s’agissait peut être des derniers survivants de son ancien monde. Beaucoup dirent alors que l’Empereur Céleste avait décidé de détruire Horai car la civilisation y était décadente mais elle n’avait jamais voulu y croire. Et elle se mit à pleurer. L’éternité ne serait jamais suffisante, elle ne pourrait jamais oublier ce qui s’était passé un demi-siècle plus tôt …
« Rakushun » sanglota-t-elle.
« Je veux voir le pays que tu construiras » Ces paroles résonnaient encore dans sa tête et la faisaient atrocement souffrir. Cinquante ans auparavant, son cher Rakushun avait accompagné Enki à Horai afin de parfaire ses connaissances sur le monde dans lequel sa chère Youko avait vu le jour. Le kirin ne put hélas pas provoquer un shoku à temps et perdit la trace du Hanjyuu lors de la Grande Attaque de Wa. Il l’avait cherché durant 10 ans, en vain. Beaucoup d’humains et d’animaux avaient péri ce jour-là et 50 ans plus tard l’herbe n’y avait pas repoussé.
« Rakushun me sermonnerait s’il me voyait pleurer.Je n’ai pas le droit de m’apitoyer sur mon sort ! Je dois penser à quelque chose de plus gai »
Elle dut cependant rassembler toutes ses forces pour reprendre l’épée et se concentrer à nouveau.
« Je veux voir … je veux voir … Shouryou » Mais elle se ravisa immédiatement par pudeur. Elle ne savait que trop bien comment l’Empereur disposait de son temps « libre ».
« Rokuta. C’est la gaieté incarnée » Elle se concentra et put le voir.
« NOOOON » hurla-t-elle. L’image l’avait bouleversée. Enki était malade. Il était atteint de Shitsudou …

(à suivre)
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Enrin
Admin - Kirin farceuse


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MessagePosté le: Lun Juil 04, 2005 7:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre un – Shokus


Tokyo ,4 Juillet 2100

- Pouah ! L’air est irrespirable ici ! C’est encore pire que dans mes souvenirs !
- Dire que Youko est née et a vécu ici. J’en suis tout ému. Je crois que votre première rencontre a eu lieu à Horai.
- Ecoute moi bien Rakushun, la prochaine fois que tu me vouvoies je déclenche un shoku et je te laisse tout seul ici ! Après tout, cela fait un siècle que nous nous connaissons !
Le Hanjyuu était embarrassé. S’il manquait de respect à un animal sacré, le Ciel pourrait le punir.
- C’est que … vous n’êtes pas n’importe qui. Seul le roi a le droit de vous tutoyer.
- Pffff ! Toi non plus tu n’es pas n’importe qui ! Et puis d’abord tu tutoies la Reine de Kei qui m’est supérieure dans la hiérarchie. Et puis elle t’a donné l’immortalité ...
Ils constatèrent alors que tout le monde les regardait. Il faut dire que Rakushun était toujours très mal à l’aise lorsqu’il prenait forme humaine et sa démarche était encore très maladroite au bout de 100 ans.
- Crétin, tiens-toi droit et arrête de te pencher sur moi !
- Je suis vraiment désolé. Vous savez que je ne le fais pas exprès. Mais s’il te plaît, ARRETE DE ME TRAITER DE CRETIN !!!
- Bingo crétin ! Je crois qu’on ferait mieux de filer d’ici. Enfin, ce n’est pas grave, les passants doivent s’imaginer que nous sommes deux amoureux en train de nous quereller …
Enki prit alors la main de Rakushun et commença à courir. Mais le hanjyuu ayant déjà du mal à marcher perdit l’équilibre et entraîna le kirin dans sa chute.

Boston,1er juillet 2100

Eileen ouvrit la porte sans frapper et annonça à qui voulait bien l’écouter « Mention très bien ! n’oublie pas ta promesse ! »
Le Président Rekken fronça les sourcils. Il n’aimait pas être dérangé lorsqu’il était en réunion avec ses ministres, surtout lorsque la situation était aussi tendue. En tant que Président de l’Union de l’Ouest, il avait beaucoup de responsabilités mais les événements récents l’inquiétaient énormément. Le Président de l’Union de l’Est était d’une ambition dévorante. Quelques mois auparavant, le représentant du Sud avait été retrouvé assassiné et les pays dépourvus de chef d’Etat eurent beaucoup de mal pour s’autogérer. Xiao avait alors envoyé des troupes pour « rétablir l’ordre », mais Rekken était persuadé que cette ingérence avait été planifiée par Xiao. Il lui fallait maintenant trouver des preuves.
- Eileen, nous en reparlerons demain.
- Mais l’avion décolle demain ! Et je ne pourrai pas le prendre sans ton autorisation.
- On en reparlera ce soir … si tu as le courage de m’attendre.
C’est le cœur léger qu’Eileen poussa la porte de sa chambre. Elle pouvait même s’accorder une petite sieste car elle avait préparé ses bagages la veille. Elle savait qu’elle ne pouvait échouer à son DSD (diplôme du second degré, l’équivalent du baccalauréat). Elle manquait un peu de maturité d’où son « petit » 12 en philosophie mais cela était certainement dû au fait qu’elle n’avait que seize printemps. Mais elle avait obtenu la note maximale en histoire, ethnologie, géographie et langues étrangères. Elle était passionnée d’histoire et elle était déjà inscrite à l’université de Boston. Avoir un père aussi haut placé était parfois utile. Elle regrettait ses nombreuses absences mais elle savait que son travail lui prenait beaucoup de temps et elle l’acceptait. Elle avait perdu sa mère à sa naissance et avait été élevée par une demi-douzaine de gouvernantes dans une demi-douzaine de pays. Son père était un ancien diplomate et bien que Président de l’Union de L’Ouest sa carrière politique était relativement courte. Elle avait commencé fouiner dans les bibliothèques des ambassades où elle avait séjourné et c’est ainsi que la passion de l’histoire la gagna. Son père lui avait promis un voyage au Japon si elle obtenait une mention à son DSD. C’était un des rares pays de l’Est qui refusait de faire partie de l’Union présidée par Xiao. C’était une contrée riche qui n’avait nul besoin de l’aide de ce tyran et la seule à entretenir des relations amicales avec les 3 autres Unions.
Elle entendit la porte grincer et ouvrit les yeux : le réveil affichait 2 heures et son père rentrait enfin à la maison. Il avait l’air visiblement contrarié de la voir encore debout à cette heure tardive.
« La réponse est non. Un tel voyage serait trop risqué en ce moment ».
« Et ta promesse ? Et puis le Japon est un pays amical, je ne risquerai rien là-bas ! »
Il soupira. « Eileen, assieds-toi et écoute-moi bien. Je sais que je t’ai fait une promesse. Mais j’en ai fait deux autres à ta mère lorsque tu es née, c’était de bien m’occuper de toi et de te protéger. Je suis conscient de ne pas avoir vraiment respecté mon premier engagement. Je ferai tout mon possible pour ne pas faillir au second."
Elle comprit alors qu’il était inutile de discuter et fit mine d’aller dans les bras de Morphée. Quelques minutes plus tard, elle l’entendit ronfler et en profita pour s’éclipser à pas de velours. Elle avait anticipé la réponse de son père en dépit de la promesse et elle avait subtilisé un tampon « voyages » dans le bureau du ministre des transports. Il ne restait plus qu’à imiter la signature de son père et le tour était joué !
À 7h30, elle était à bord du Condor 5555 en compagnie de Lucas et Celia, ses meilleurs amis.

Tokyo, 4 juillet 2100

« Bah c’est malin, tout le monde nous regarde », grogna Enki. Il faut dire que ces deux jeunes hommes avaient un accoutrement qui ne pouvait qu’attirer l’attention.
« Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? Et puis c’est risqué de se promener ici sans masque. L’air y est très pollué. » Elle ôta alors le foulard qui lui cachait une grande partie de son visage et le déchira en deux.
« Prenez ça , je suppose que vous êtes des touristes. Il faut toujours se renseigner sur le pays qu’on va visiter ! »
Enki se releva, la regarda et fit mine de humer l’air. Mais il n’était pas très discret car Rakushun ainsi que deux inconnus remarquèrent bien qu’il « reniflait » en direction de la jeune fille. Une légère brise venue de nulle part souleva sa longue chevelure.
Rakushun s’empressa de briser le silence afin de sortir Enki de cette situation embarrassante. « Merci beaucoup pour le foulard. Mais c’est vous maintenant qui allez respirer cet air nauséabond. »
« Notre hôtel est juste en face et nous ne courrons pas contrairement à vous. Il faut être dingue pour courir dans un tel endroit sans protection. Ou bien, il faut être vraiment être ignare. »
Enki s’apprêtait à riposter lorsqu’au loin on entendit un énorme bruit de déflagration.
« Je vais voir ce qui se passe, attendez moi ici et surtout ne bougez pas ! »
La jeune fille et ses deux amis furent très surpris par la vitesse de déplacement du garçon. On aurait dit qu’il avait des ailes.
« Finalement l’air du pays profite à certains . Au fait, nous ne nous sommes pas présentés. Voici mes meilleures amies Celia et Eileen. Et je m’appelle Lucas. Nous venons de l’Union de l’Ouest. Je pense que vous venez du Sud non ? »
Rakushun toussota et répondit : « Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Rak et je viens bien du Sud. »
Eileen savait qu’après l’invasion du Sud par Xiao beaucoup avaient fui et s’étaient réfugiés à l’Ouest. Il fallait être fou pour venir au Japon … ou complètement ignorant. Le jeune homme l’intriguait au moins autant que son ami et son extraordinaire vélocité …
« C’est bizarre, on dirait qu’il va y avoir une tempête, regardez les nuages ! »
Rakushun comprit immédiatement qu’il ne s’agissait pas d’une tempête ordinaire. « Tenez vous la main et ne la relâchez pas sous aucun prétexte ! » Un gigantesque tourbillon qui semblait sortir des entrailles de la Terre les absorba. Rakushun serra plus fort la main d’Eileen et pensa très fort à Enki. Sans le kirin, leur chute pourrait être mortelle ….

Tokyo, 4 juillet 2100 , une dizaine de kilomètres plus loin

Comme il s’approchait de la source de la déflagration, il ne cessait de croiser des gens affolés qui couraient dans le sens opposé. Certains pleuraient, d’autres hurlaient, les plus faibles tombaient et se faisaient piétiner mais tous les visages reflétaient une terreur incommensurable. Des centaines, voire des milliers de personnes essayaient d’échapper à « la chose » qui les poursuivait. Enki leva les yeux et la vit alors : il s’agissait d’un immense nuage noir qui semait la mort sur son passage et réduisait toute vie animale ou végétale en cendres.
« Rakushun » Il n’avait plus une seconde à perdre et c’est sous sa forme animale qu’il se dépêcha de rejoindre les autres. Lorsqu’il fut suffisamment éloigné du nuage (il ne voulait pas courir le risque de l’entraîner dans son monde) il déclencha le processus du shoku mais son ami n’était plus là. Il n’avait plus le temps de le chercher et , le visage inondé de larmes, il plongea dans le tourbillon ….

A suivre …
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Enrin
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MessagePosté le: Lun Juil 11, 2005 5:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 2 - Tears



Les larmes de Shouryu

Shouryu avait fait le déplacement jusqu’au palais de Youko car la culpabilité rongeait son esprit depuis le retour de son kirin. Il tenait à dire lui-même à l’impératrice qu’un fléau inconnu avait détruit son ancien monde et aspiré la vie de son bien-aimé. L’état de Rokuta s’était stabilisé mais il était trop tôt pour dire s’il s’en sortirait. En-ou savait ce que cela signifiait : il ne survivrait pas à la mort de son kirin et son royaume subirait le même sort qu’Horai. Pour la première fois depuis près de 600 ans, il se remémorait le massacre de son clan. Maintenant c’était le tour d’Horai et ensuite viendrait peut être celui de son royaume. Depuis des centaines d’années il s’était refusé toute sorte de sentimentalité car le devoir passait avant tout le reste. Il savait qu’en s’attachant il risquait de devenir hésitant ou faible et qu’il ne pouvait se le permettre. Pour lui, les larmes symbolisaient l’apitoiement sur soi ou une faiblesse de l’esprit bien plus que le chagrin.

Ses dernières larmes, il les avait versées sur cette barque 600 ans plus tôt mais il ignorait alors si elles étaient dues à ses membres qui le faisaient atrocement souffrir ou à la scène à laquelle il venait d’assister : son peuple avait été décimé sous ses yeux. Son propre corps était transpercé de flèches et il pensait que la mort était bien cruelle de le faire ainsi languir. C’est alors que le jeune homme se prosterna, le conduisit au Mont Hou et le sauva. Et c’est pour cette raison qu’il avait fait transporter Rokuta au-delà de la Mer Jaune. Il avait remis la vie de son kirin entre les mains de Sennins et des dieux.
Ses yeux commencèrent à picoter et une énorme perle roula sur sa joue bientôt suivie par une deuxième, puis une troisième. « Baka, pourquoi tu me laisses tout seul comme une nouille ? » Le temps avait tissé un lien très fort entre cet homme et son animal sacré et il ne faisait aucun doute que chaque séparation était une épreuve. Il fallait qu’il reprenne ses esprits car le palais de Kinpakyuu était en vue et il ne s’autorisait pas à flancher une seconde fois, surtout devant Youko.


Les larmes de Youko

Il ne lui annonça que ce qu’elle savait déjà. L’épée lui avait tout dit. Elle avait vu Rakushun devant la Tour de Tokyo ainsi que le nuage noir qui avait dévasté la capitale nippone. Elle avait également pu entre percevoir la fuite de Rokuta et il était seul.
« Rakushun » murmura-t-elle, le visage baigné de larmes.

Elle repensait alors à leur première rencontre et à toutes ces années durant lesquelles elle avait dû se battre contre Keiki et le protocole. L’union entre un humain et un hanjyuu était inconcevable mais son principal adversaire dans ce combat fut Rakushun lui-même. Il s’était d’abord senti très gêné par l’accueil chaleureux d’Enki et En-ou . Ce dernier lui avait accordé l’immortalité en jurant bien que Youko n’avait rien à voir là-dedans .Il avait prétexté que son kirin l’appréciait beaucoup et aimait voyager en sa compagnie. Soi-disant, il ne voulait pas que Rokuta déprime plus tard lorsque Rakushun aurait atteint un âge trop avancé pour l’accompagner. Il y avait une part de vrai dans tout cela mais En-ou était tout de même un sacré menteur. Youko avait voulu lui offrir la vie éternelle mais il avait toujours refusé et elle avait fini par demander de l’aide à Shouryu. Il lui avait fallu ensuite un demi-siècle pour convaincre son bien aimé qu’apparence et rang ne pèsent pas bien lourd face aux élans du cœur.
« 50 ans de bonheur, c’est bien peu lorsqu’on est immortelle … »
« 600 ans de règne sans partage, c’est très long »
Elle ne l’avait pas entendu arriver et pourtant il était là, devant elle et elle comprit immédiatement qu’il avait pleuré. Elle savait qu’il ne verserait aucune larme en sa présence et qu’il avait certainement dû s’isoler pour s’accorder cette faiblesse.
« Comment va Enki ? »
« Pas très bien. »
« Tu savais ce qui se passerait n’est ce pas ? Et pourtant tu les as laissés partir. Tu aurais au moins pu les mettre en garde ! Mettre ainsi la vie de ton propre kirin en jeu ! »
« Ma vision n’était pas très claire ! La tienne non plus d’ailleurs. J’aurais dû empêcher Rakushun d’y aller c’est vrai. Mais Enki se serait méfié. Et ça aurait fait capoter sa mission ... »
« Sa mission ! Parlons-en un peu de sa mission ! De toute façon il a échoué … ça aussi tu l’avais vu ? »
« Youko, assieds-toi et écoute moi. C’est UN ORDRE ! Ne m’étant jamais attaché à aucune femme, je suis peut être mal placé pour te conseiller, voire te comprendre, mais en tant que meikun je me vois obligé de te rappeler certains principes ! Nous ne sommes là que pour accomplir la volonté du Ciel et c’est un dieu qui a envoyé Enki à Horai en connaissance de cause … Pardonne moi si je suis un peu brusque avec toi mais ... »
Il la prit alors dans ses bras dans lesquels elle put enfin pleurer sans honte.


Larmes divines

Il fallait commencer par nettoyer le front de Rokuta. Il était couvert de sang et cela ne présageait rien de bon. La fièvre était un peu retombée.
« J’espère que sa corne n’a pas été endommagée. Sa crinière a beaucoup souffert. Il va falloir attendre qu’elle repousse … j’ai été fou de l’envoyer là-bas et pourtant … »
Il laissa s’échapper une larme qui termina sa glissade sur la paupière droite d’Enki. Ce dernier ouvrit un œil.
« Rokuta ? Comment te sens-tu ? »
« Ouch, je ne peux plus bouger. J’ai l’impression d’avoir été piétiné par une centaine de youmas. Ouch… »
« Ne t’inquiète pas, la douleur disparaîtra dans quelques jours. Je suis soulagé de voir que tu vas bien. Pardonne-moi si je suis un peu abrupt mais que sont devenus les autres ? Tu étais seul lorsqu’on t’a secouru. Et Elle, l’as-tu trouvée ? »
« De quoi tu parles Kouya ? Je te trouve bizarre. Et puis c’est quoi cet accoutrement ? Si tu parles de mon pervers de maître, je suppose qu’il doit être en train de faire le ménage dans un bordel afin de payer ses dettes. Et pendant que monsieur prend du bon temps, je me tape tout son boulot … Fichu Tentai, pourquoi m’a-t-il envoyé un tel incapable ? »
« Tu devrais te reposer un peu. Tu as subi un grand choc et ta corne a été blessée. Attends qu’elle guérisse et que tes cheveux repoussent et tu retrouveras la mémoire. »
L’homme se leva et prit congé du kirin.
« Qu’est-ce que tout cela signifie Shinkun ? »
« Que notre monde touche peut être à sa fin. Mais nous en saurons davantage lorsque ses souvenirs referont surface. En attendant, je vous le confie. Je dois quitter le Palais car mon Tenken se fait vieux et ne supporte pas d’être seul trop longtemps ...De plus à l’extérieur c’est assez instable, on dit qu’il y a eu plusieurs shokus en même temps. Je dois regagner la Mer Jaune au plus vite … »

Les larmes d’Eileen

Elle reprit connaissance et poussa un hurlement. Ses amis avaient disparu et sa main était prisonnière d’une chose velue. C’était une énorme souris dont la robe grise était maculée de sang. Elle finit par se dégager et s’éloigna au pas de course. Mais la chute l’avait affaiblie et elle s’écroula, à bout de force. Elle leva alors les yeux et aperçut ce qui ressemblait à un océan. Mais la couleur de l’eau mit un terme à ses illusions ... Elle avait désobéi à son père en allant au Japon et ceci était certainement sa punition. Il était trop tard pour regretter et ses larmes se noyèrent dans la Mer du Néant.


À suivre
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Enrin
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MessagePosté le: Dim Juil 24, 2005 7:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 3 – Les naufragés

Eileen regardait cet océan qui lui était inconnu lorsqu’un détail attira son attention : elle se pencha et poussa un hurlement à la vue du reflet de son image dans l’eau. Elle eut beau se frotter les yeux à maintes reprises, Ses cheveux châtains avaient curieusement viré au blond vénitien. Qu’est ce que cela signifiait donc ? C’est alors qu’elle reconnut la voix de Rakushun.
-Eileen ? Celia ? Lucas ? Où êtes-vous ?
Elle le regardait avancer vers elle, complètement estomaquée. Comment un rat pouvait-il parler ?
- Excusez-moi mademoiselle, mais n’auriez vous pas aperçu deux jeunes filles et un garçon ?
- Rak ? C’est toi ?
Le hanjyuu toussota afin de mieux contrôler sa voix.
- On se connaît ? J’ai l’impression que je ne suis pas le seul à avoir changé d’apparence. Tu es Eileen ou Celia ?
- Eileen. Pourrais-tu m’expliquer où nous sommes et pourquoi notre image est différente ?
- Oui, mais il ne faut pas rester là. L’endroit est dangereux et il faut retrouver tes amis. Suis-moi !

À quelques kilomètres de là , Célia reprenait également connaissance. Un homme qu’elle ne connaissait pas lui tendit alors la main et l’aida à se relever. Comme toutes les jeunes filles de son âge, elle avait maintes fois rêvé du prince charmant mais l’individu qui se tenait devant elle dépassait tout ce qu’elle avait pu imaginer : une longue chevelure blonde, un visage aux traits parfaits, de magnifiques yeux d’un gris bleuté. Et pourtant il avait un regard glacial qui la faisait frissonner. Elle imaginait alors cet homme en train de lire dans ses pensées.
Il esquissa un sourire et s’adressa à une créature étrange dans une langue qu’elle ne connaissait pas.
- Cette fois Tentai a bel et bien décidé de reprendre les choses en main. Je suis certain que nous ne le décevrons pas.
- Taiho, trois autres personnes ont été absorbées par le shoku.
- Je sais. Retrouvez le rat et surtout capturez-le vivant ! J’ai cru reconnaître la peluche préférée de la reine de Kei. Il pourrait nous être très utile …
Celia voulut alors prendre la parole mais l’homme qu’elle avait pris pour son sauveur la projeta violemment au sol.
- Qui t’a permis d’ouvrir la bouche ?
Elle était tellement terrorisée qu’elle ne pouvait ni lui répondre, ni fondre en larmes. C’est à peine si elle parvenait à reprendre son souffle.
- Ecoute-moi bien. Si tu fais exactement ce que je te dis tu n’auras rien à craindre de moi. Je ne te veux aucun mal. Le Ciel a fait de toi … mon esclave. Mais si tu travailles bien, le Ciel te récompensera.
- Taiho !
- Cela suffit Chyorai ! Je m’agenouillerai devant elle et la servirai mais en attendant je veux être sûr de ses capacités.
L’individu se tourna alors vers Célia qui ne s’était pas relevée.
- Maintenant, si tu tiens à vivre, reproduis mes gestes et répète mes paroles !
Il s’agenouilla devant elle et un halo doré les enveloppa.
- À genoux !
- Euh oui …
- Maintenant répète après moi. Le Ciel t’a désignée comme étant ma moitié …
- Comment ? Je dois dire ça ?
- Ne discute pas ! Dépêche-toi !
- Le Ciel t’a désigné comme étant ma moitié …
- Je te jure obéissance et fidélité …
- On dirait une cérémonie de mariage
- Abrutie ! Il faut faire vite !
- Je te jure obéissance et fidélité
- Bien. Tu vois que tu peux le faire. Maintenant relève toi.
- Euh … c’est tout ?
L’homme s’adressa à sa nyoukai.
- Chyorai. Emmène sa majesté en sécurité au palais.
- Taiho, que fait-on des autres ?
- Les shireis s’en occuperont.
C’est alors que Célia réalisa qu’elle comprenait ce qu’ils disaient. L’homme lui sourit et lui dit :
- Nous allons essayer de retrouver tes amis. Mais tu dois regagner le palais au plus vite.
- C’est bizarre, j’ai compris ce que vous disiez.
- Il est naturel que la Reine comprenne ses sujets…
- La Reine ? Et vous, vous êtes un roi ?
- En quelque sorte …
Il esquissa un nouveau sourire qui n’avait rien de bienveillant mais Chyorai mit rapidement un frein aux interrogations qui rongeaient l’esprit de Célia en l’empoignant et l’éloignant.
- Daibun et Daiwolf, j’ai un travail pour vous.
Deux youmas se présentèrent devant lui.
- C’est très simple, nous avons trois individus qui ont été absorbés par le shoku : un hanjyuu et deux kaikyakus. Retrouvez le rat mais ne lui faites pas de mal, je le veux vivant.
- On ne peut même pas jouer avec Taiho ?
- Non … mais vous pouvez manger les kaikyakus. Je suis certain que vous apprécierez la chair de la fille. Trouvez la et tuez-la !
Le grand blond respira profondément et somma les deux créatures de le suivre. Non seulement il avait une vue perçante mais son odorat était particulièrement fin. Ils s’arrêtèrent non loin de la Mer du Néant et les yeux du taiho se posèrent sur une flaque rouge.
- Quel sang divin. On peut dire qu’ils l’ont bien réussie. Dommage pour eux que nous l’ayons trouvée en premier.
- Taiho ! N’oubliez pas votre promesse !
Les deux youmas craignaient déjà pour leur festin à la vue du kirin pourléchant son doigt qui avait trempé dans la mare de sang. Il éclata d’un rire sarcastique en voyant leurs têtes.
- Ne vous en faites pas. Je me contenterai d’un ou deux verres mais la chair sera pour vous et je crois que vous allez vous régaler. Ces traces de sang vont nous faciliter la tâche. En route !

Lucas venait de reprendre connaissance à son tour. Un jeune garçon qui devait avoir son âge le regardait en souriant. Il tourna la tête mais n’aperçut aucun de ses amis.
- Où suis-je ? Qui êtes-vous ?
- Je m’appelle Kori. Ma nyoukai a réussi à amortir ta chute lorsque tu as été englouti par le tourbillon. Malheureusement elle n’a pas réussi à attraper les deux autres.
- Je ne comprends pas, nous étions quatre.
- Bizarre, Sanshi a dit que vous étiez trois. De toute façon nous partons à leur recherche. Sanshi, conduis ce jeune garçon chez Risai s’il te plaît et rejoins nous près de la Mer du Néant. Non … va prendre des nouvelles d’Enki au Mont Hou et essaie de trouver Shinkun.
- Taiho, je ne puis vous laisser y aller seul. C’est trop risqué.
- J’irai avec Goran. Ne t’inquiète pas.
- Mais le Taiho maudit est déjà à leurs trousses.
- Ne t’inquiète pas, je me suis débrouillé pour l’envoyer dans une mauvaise direction. Je l’imagine en train de se délecter de mon sang …
- Taiki !
Le jeune kirin ne supportait pas la vue ou l’odeur du sang et il avait preuve de courage et d’abnégation en demandant à Gouran de le mordre afin de semer le trouble dans l’esprit du kirin maudit. Maintenant il était malade et il lui faudrait plusieurs jours pour se rétablir. Et c’est à contrecoeur que Sanshi empoigna Lucas afin de le mettre en sécurité. Elle savait que Taiki avait des shireis puissants qui sauraient le protéger mais elle avait le sentiment de le trahir en le quittant dans cet état.

Elle avait suivi le rat sans comprendre la raison de leur fuite.
- Eileen., il faut marcher plus vite, cette région est infestée de youmas .
- Je ne peux plus avancer. Dieu me punit pour avoir désobéi à mon père et …
- Encore un petit effort, il doit bien y avoir un raboku dans le coin. On y sera à l’abri le temps que tu te reposes un peu.
C’est seulement à ce moment là que Rakushun réalisa que son pelage était maculé de sang. Il n’avait pourtant aucune blessure. Il s’était servi de son propre corps pour amortir la chute d’Eileen.
- Je ne peux plus avancer. Je me sens mal.
- Eileen !
La belle chevelure d’Eileen avait masqué une vilaine blessure au front. Ainsi, ce n’était pas lui mais bien elle qui était blessée. Sa première rencontre avec sa bien–aimée lui revint en mémoire. Il ferait pareil avec Eileen. Il trouverait suffisamment de force pour la mettre à l’abri tout seul. Il avait l’intime conviction que comme sa chère Youko, cette jeune Taika était spéciale et qu’il fallait la protéger.
- Youko … Aide-nous !

À suivre

Qui sont Eileen et le mystérieux kirin maudit ? Est-ce que Shinkun , Taiki et Enki retrouveront la jeune fille avant leur ennemi ?
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